Le nord du nord de la Nouvelle Calédonie

15/02/2013 03:11

 

Le retour de Lifou en Bateau a été très calme et nostalgique. Heureusement que le soir même nous retrouvions nos copains de chambrée à l’auberge de jeunesse. Soirée partagée autour d’un bon repas préparé en partie par Marco, notre chef cuisinier (je cite aussi Ju et Clovis pour ne pas faire de jaloux, même s’ils se sont contentés de mettre l’eau des pâtes à chauffer !).

Le lendemain je m’octroie une journée «girly » avec au programme : coiffeur et esthéticienne. Du pur bonheur !

La suite de notre programme va nous amener à Tiabet, tout là-haut au nord de l’ile. Pourquoi Tiabet ? Pour passer retrouver un ami de longue date de Ju, David qui est ici depuis plus de 10 ans. Pour pouvoir nous suivre dans ce périple il va falloir vous mettre en conditions. Par cela j’entends :

-      Oter vos montres, ici le temps n’existe pas

-      Enlever le manteau, soleil tous les jours il y a

-      Ajustez vos lunettes, le paysage éblouira

Vous êtes prêts ?

 

Nous traversons la Nouvelle Calédonie par la côte ouest de Nouméa à Koumac, dernière « ville »de la Province Nord. Nous apprenons alors dans le bus qu’une alerte Tsunami est donnée sur la Nouvelle Calédonie suite à un séisme sur les iles Salomon. Ça fait bizarre mais cela arrive très souvent ici donc aucune inquiétude…. Personne ne s’affole .Les plages ont été évacuées et nous nous restons dans notre bus. Nous apprenons que l’alerte est levée vers 16h, rien ne s’est passé, fort heureusement.

David nous attend dans son super pick-up avec un sourire à s’en décrocher la mâchoire. Nous allons alors parcourir 70 km de pistes pour monter à Tiabet. Dans la voiture David nous parle de sa tribu qui compte 200 habitants tout au plus. Il nous dit ne pas avoir l’eau (je ne réagis pas de suite pour ne pas passer pour une enquiquineuse, mais quand même !) et que le seul village le plus près est à 20 km et compte seulement une épicerie, même pas de pompe à essence ! Alors internet n’en parlons pas. Moi qui pensais rester 1 semaine ici, cela me parait compromis !

Eh ben, dans la vie il arrive parfois de s’épater. Ce qui fut le cas car nous resterons ici 10 jours ! Attention, David m’a fait peur car il y a de l’eau. Ok elle est froide et le débit très très très limité mais on se débrouille, ça va. Et là on s’éclate ! Seuls au bout du monde, sans personne, sans timing. Nos journées sont du pur bonheur. En résumé ça donne ca :

-      Levé vers 7h30 (assez tard pour ici) : Café, brioche, fruits… Sous forme de dialogue ca donnerait ca : « Ah tiens je mangerai bien une mangue, eh bien va la décrocher dans l’arbre au fond du jardin ! ». Puis Enfilage de maillot de bain et premiers bains matinaux. Hamac sur la plage, lecture, frisbee…. Et puis dès que le ventre gargouille (vers 15h le plus souvent) on rentre et on se fait une plâtrée de pates, on papote, on écoute de la musique… Vers 17h on s’habille pour aller au Na Kamal. Le Na Kamal est l’endroit où se retrouvent les gens des tribus avoisinantes et avec qui on partage des kavas. En fait ici le Na Kamal c’est comme le café de la mairie. C’est le seul endroit à 40 km à la ronde pour réunir les gens. Vous vous souvenez, le kava c’est une boisson à base de racines de poivrier et qui nous laisse un effet « stone ». On reste au Na Kamal jusqu’à ce qu’il n’y ai plus de Kava. On rentre vers 21h ou 22h. On papote et on se couche « stone ». Très drôle tout ça ! Voici une journée « type »d’ici. Quelques variantes que nous avons faites : Kayak de mer, paddle, restaurant les pieds dans l’eau (l’endroit s’appelle Poin Gam et c’est à tomber par terre. On mangera du carpaccio de bénitier, tartiflette de langoustes et patates douces)…..

Nous avons aussi fait notre première coutume au chef de la tribu. Cela nous faisait un peu peur mais on nous a bien expliqué et il faut savoir se présenter de manière très simple. Ju a donc fait les présentations au chef et nous lui avons laissé un manou (bout de tissu) dans lequel nous avons glissé un billet de 1 000 francs. C’était très sympa.

Maintenant on connait tout le monde, on a même été dans une tribu pour réparer une TV ! En échange on nous a donné 2 picots et 1 dawa. Dès le lendemain on s'organise une petite soirée pour les griller. Avec un bon vin on s'est bien régalé. Et puis on ne pouvait pas se quitter sans gouter au rhum/jus de pommes lianes fait maison. Du coup  on papote, on passe du bon temps, on se marre bien et à 4h du mat 'on se dit qu'il est peut-être temps d’aller se coucher.....

 

Pour notre dernière journée à Tiabet nous allons à la plage. Au programme baignades, lecture et paddle pour tout le monde. Et puis nous passerons une partie de l’après midi au dispensaire. Pour qui, pour quoi ? Parce que Ju s’est fait piquer par une raie…..

Et là nous ne sommes pas d’accord sur la version des faits :

-          Version Ju et David : Ju était sur le paddle, parti loin du bord, en pleine mer. D’un coup une vague plus importante s’est formée et le paddle a perdu de sa stabilité. Ju est tombé dans les fonds sous-marins et a dû se battre avec une raie pour sauver sa vie. Malheureux ! Il n’avait pas son couteau ! Mais il a su combattre  et est sorti sain et sauf avec comme seul souvenir la piqure de cette raie.

-          Version Emilie : Ju marchait le long de la plage et là, à 15 cm du bord il a marché sur une raie. Bêtement…

Alors vous croyez qui ? En tout cas cela a bien fait rire Mélanie, l’infirmière de garde. 

Eh ben je peux vous dire qu’on ne faisait pas les malins avec David (même si lui dit « même pas peur », vous savez c’est un homme). Quoi qu’il en soit le venin du dard de la raie se propage assez vite et la douleur  est très difficilement supportable. Ju est passé d’un teint mate à blanc en passant par le jaune. Du coup l’infirmière lui a fait une anesthésie locale pour atténuer la douleur. Douleur qui  sera présente au moins 48h…. Le pauvre….. Ouai, en même temps cela n’a pas empêché Ju dès le soir même d’arroser son exploit au Ricard. Tous les locaux se sont bien moqués de lui !

Pour nous le temps s’est arrêté et on a été gagné par une pure sensation de bien-être.  Ici les gens ne travaillent pas pour s'enrichir mais juste de quoi payer son loyer….. Mais au fait, ils n’ont pas de loyer ici ! Donc ils travaillent uniquement pour manger.  La plupart des gens se nourrissent de leur propre pêche et des légumes et fruits à porter de main. En fait ils n’ont même pas besoin de travailler. On déconnecte totalement et cela nous fait un bien fou.

Maintenant il est l'heure du départ et de la rentrée scolaire pour David, il s’est même rasé ! Nous le quittons avec un cœur gros et des rêves plein la tête. La Calédonie est une terre de surprise et les rencontres sont époustouflantes. Merci David !